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Belgicana

Belgicana

Collection privée d'un amateur de livres et autographes d'écrivains belges (XIXe-XXe siècles)

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

À l'occasion de mon dernier article sur la traduction du Macbeth de William Shakespeare par Maurice Maeterlinck, exemplaire n°1 sur Japon, j'évoquais l'influence persistante de l'Œuvre du dramaturge anglais sur celle du prix Nobel de littérature belge. Au chapitre des autorités qui ont marqué la vie, la pensée et l'écriture de l'écrivain gantois, le peintre flamand Pieter Bruegel occupe également une place importante et inaugurale : Maeterlinck entre en littérature en donnant à la revue parisienne La Pléiade, en 1886, alors qu'il séjourne en la capitale française, une nouvelle intitulée Le Massacre des Innoncents, d'après le tableau éponyme exposé au Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles. Bien que nourrissant le projet de réunir ce texte en volume avec d'autres contes gothiques d'après les primitifs flamands, le livre ne se fait pas et la publication du Massacre des Innocents reste confidentielle, réservée aux collaborateurs de la revue et à ses quinze abonnés. Cependant, elle ne manque pas d'attirer l'attention des admirateurs enthousiastes de La Princesse Maleine et de Pelléas et Mélisande, avides de mettre la main sur les premières armes littéraires de l'écrivain, qui forcent l'auteur à ressortir à plusieurs reprises le texte de jeunesse de ses tiroirs pour des publications en revue : Gil Blas illustré (1898), Vers et Prose (1905) et Milles nouvelles nouvelles (1910) ; en volume : Les Débris de la guerre (Paris, Fasquelles, 1916), Deux Contes (Paris, Georges Crès et Cie, 1918-1927) et Le Massacre des Innocents (Bruxelles, L.&M.,1929, illustré par Anto Carte) ; et pour de nombreuses traductions dans le monde entier, dont l'italienne que j'aimerais vous présenter aujourd'hui. 

 

Maurice Maeterlinck, "Il Massacro degli innocenti", traduction d'Alessandro Chiavolini, illustrations de Francesco Dal Pozzo, Milano, Modernissima, coll. "Essenze" n°2, 1923

Maurice Maeterlinck, "Il Massacro degli innocenti", traduction d'Alessandro Chiavolini, illustrations de Francesco Dal Pozzo, Milano, Modernissima, coll. "Essenze" n°2, 1923

Le Massacre des Innocents a été traduit en italien en 1923 par Alessandro Chiavolini (1889-1958), alors secrétaire de Mussolini, aux éditions « Modernissima », à Milan, dans la collection « Essenze. Collezione di opere italiane e straniere », dirigée par Stefano Vittadini, avec 8 dessins à l'encre sèche de Francesco Dal Pozzo. Le texte a été achevé d’imprimer le 30 mars 1923 sur les presses de la société « Arte Grafiche Monza » en Italie.

 

Comme on peut le remarquer ci-dessous, la collection « Essenze » entend réunir dans des volumes élégants et bien faits des chefs-d’œuvre italiens et étrangers afin d’offrir aux lecteurs une certaine essence de l’art et des textes d’une certaine valeur artistique. Aussi, pour chaque numéro, l’œuvre littéraire est accompagnée d’illustrations originales réalisées pour l’occasion par des illustrateurs italiens. 

 

La collection a compté une vingtaine de numéros dans lesquels ont été mis à l'honneur des textes d'Oscar Wilde comme La ballade de la geôle de Reading (La Ballata del carcere di reading) et La maison de la courtisane (La Casa della cortigiana), Byron, Remy de Gourmont et ses Litanies de la rose (Le Litanie dei fiori), Aloysius Bertrand, Jean Lorrain et Alfred de Musset

 

Le numéro simple coûte 3 livres, le numéro double 4. L’abonnement pour six volumes simples est de 15 livres et s'élève à 20 livres pour six numéros doubles.

 

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

Le numéro consacré au Massacre des Innocents est un petit volume in-16 de 32 pages. Le traducteur a rédigé un avertissement « Ai Lettori » de deux pages afin de resituer le texte dans le contexte de sa parution en 1886. Il insiste sur le fait que ces pages de jeunesse sont désormais introuvables et que la Pléiade, bien que son existence fut courte, a participé dans une certaine mesure à la révolution littéraire symboliste. Le propos sur le conte de Maeterlinck est élogieux et le traducteur affirme une réelle admiration pour le prosateur : 

Questa strana interpretazione fiamminga, alla Pierre Breughel, della leggenda evangelica è vermanete notevole nella sua deliziosa ingenuità. Sotto la penna dello scrittore esordiente, ancor meglio che sotto il pennello del vecchio maestro fiammingo, il mito di Erode è diventato realtà, specialmente attraverso la acuta osservazione e la minuziosa descrizione di ogni particolare. Raramente uno scrittore ha saputo infondere un cosi profondo senso di umanità, tanto movimento e tanta vita in un racconto completamente fantastico. 

« Sous la plume de l'écrivain encore mieux que sous le pinceau du vieux maître flamand, le mythe d’Hérode est devenu réalité ». 

 

 

 

Ainsi, la collection « Essenze » entend réunir dans des volumes élégants et bien faits des chefs-d’œuvre italiens et étrangers afin d’offrir aux lecteurs une certaine essence de l’art, des textes d’une certaine valeur artistique. Aussi, pour chaque numéro, l’œuvre littéraire est accompagnée d’illustrations originales réalisées pour l’occasion par des illustrateurs italiens. C’est Francesco Dal Pozzo qui a été choisi pour réaliser les huit dessins à l’encre sèche qui illustrent l’ouvrage et dont cinq sont consacrés au texte du Massacre des Innocents

    Selon nos sources, la collection a compté plus d’une vingtaine de numéros et a offert à ses lecteurs des textes d’Oscar Wilde comme « la ballade de la geôle de Reading » (La Ballata del carcere di reading) ou encore « La maison de la courtisane » (La Casa della cortigiana), de Byron, Rémy de Gourmont, Aloysius Bertrand et son Gaspard de la nuit (Gaspare della notte dans le numéro double 7-8). Le numéro simple coûtait 3 livres, 4 pour un numéro double. L’abonnement pour six volumes simples était de 15 livres tandis qu’il s’élevait à 20 livres pour six numéros doubles. 

    Le numéro consacré au Massacre des Innocents est un petit volume in-16 d’une trentaine de pages. Le traducteur a rédigé un petit commentaire, « Ai Lettori », de deux pages afin de resituer le texte dans le contexte de sa parution en 1886. Il insiste sur le fait que ces pages de jeunesse sont désormais introuvables et que la Pléiade, bien que son existence fut courte, a participé dans une certaine mesure à la révolution littéraire symboliste. Le propos sur le conte de Maeterlinck est élogieux et le traducteur affirme une réelle admiration pour le prosateur : 

 

Questa strana interpretazione fiamminga, alla Pierre Breughel, della leggenda evangelica è vermanete notevole nella sua deliziosa ingenuità. 

Sotto la penna dello scrittore esordiente, ancor meglio che sotto il pennello del vecchio maestro fiammingo, il mito di Erode è diventato realtà, specialmente attraverso la acuta osservazione e la minuziosa descrizione di ogni particolare. Raramente uno scrittore ha saputo infondere un cosi profondo senso di umanità, tanto movimento e tanta vita in un racconto completamente fantastico. 

 

« Sous la plume de l'écrivain encore mieux que sous le pinceau du vieux maître flamand, le mythe d’Hérode est devenu réalité ». 

    Le conte est précédé d’un premier dessin de Dal Pozzo en tête de la page 7. Il reproduit de manière assez sommaire et grossière le paysage du tableau de Bruegel vidé de ses protagonistes. Cette miniature d’inspiration bruegélienne fixe métaphoriquement le cadre principal de la scène au seuil du texte. La deuxième réalisation de l’illustrateur est un dessin en pleine page, comme tous ceux qui vont le suivre, représentant l’expédition punitive des villageois massacrant les Espagnols sur l’étang, au milieu des étoiles : « … vif u allora, sullo stagno ghiacciato, un gran massacro … » (p.10). Un peu plus loin, l’attention du peintre se porte sur le paysan venu décrocher sa femme pendue aux branches d’un énorme noyer au milieu des flammes de l’incendie qui ravage sa ferme : « Fece cenno piangendo che venissero ad aiutarlo » (p.14). S’ensuit une illustration, page 18, représentant l’épisode de la tentative de négociation lorsque le curé s’essaie à persuader le chef des Espagnols en flamand puis en latin (… Il prete parlo in flammingo e in latino …). Enfin, le dernier dessin, page 20, fixe le regard du lecteur sur un soldat tenant un enfant par la jambe et prêt à le décapiter devant le chef à barbe blanche appuyé contre un arbre aussi sombre que son vêtement.

 

Ainsi, la collection « Essenze » entend réunir dans des volumes élégants et bien faits des chefs-d’œuvre italiens et étrangers afin d’offrir aux lecteurs une certaine essence de l’art, des textes d’une certaine valeur artistique. Aussi, pour chaque numéro, l’œuvre littéraire est accompagnée d’illustrations originales réalisées pour l’occasion par des illustrateurs italiens. C’est Francesco Dal Pozzo qui a été choisi pour réaliser les huit dessins à l’encre sèche qui illustrent l’ouvrage et dont cinq sont consacrés au texte du Massacre des Innocents

    Selon nos sources, la collection a compté plus d’une vingtaine de numéros et a offert à ses lecteurs des textes d’Oscar Wilde comme « la ballade de la geôle de Reading » (La Ballata del carcere di reading) ou encore « La maison de la courtisane » (La Casa della cortigiana), de Byron, Rémy de Gourmont, Aloysius Bertrand et son Gaspard de la nuit (Gaspare della notte dans le numéro double 7-8). Le numéro simple coûtait 3 livres, 4 pour un numéro double. L’abonnement pour six volumes simples était de 15 livres tandis qu’il s’élevait à 20 livres pour six numéros doubles. 

    Le numéro consacré au Massacre des Innocents est un petit volume in-16 d’une trentaine de pages. Le traducteur a rédigé un petit commentaire, « Ai Lettori », de deux pages afin de resituer le texte dans le contexte de sa parution en 1886. Il insiste sur le fait que ces pages de jeunesse sont désormais introuvables et que la Pléiade, bien que son existence fut courte, a participé dans une certaine mesure à la révolution littéraire symboliste. Le propos sur le conte de Maeterlinck est élogieux et le traducteur affirme une réelle admiration pour le prosateur : 

 

Questa strana interpretazione fiamminga, alla Pierre Breughel, della leggenda evangelica è vermanete notevole nella sua deliziosa ingenuità. 

Sotto la penna dello scrittore esordiente, ancor meglio che sotto il pennello del vecchio maestro fiammingo, il mito di Erode è diventato realtà, specialmente attraverso la acuta osservazione e la minuziosa descrizione di ogni particolare. Raramente uno scrittore ha saputo infondere un cosi profondo senso di umanità, tanto movimento e tanta vita in un racconto completamente fantastico. 

 

« Sous la plume de l'écrivain encore mieux que sous le pinceau du vieux maître flamand, le mythe d’Hérode est devenu réalité ». 

    Le conte est précédé d’un premier dessin de Dal Pozzo en tête de la page 7. Il reproduit de manière assez sommaire et grossière le paysage du tableau de Bruegel vidé de ses protagonistes. Cette miniature d’inspiration bruegélienne fixe métaphoriquement le cadre principal de la scène au seuil du texte. La deuxième réalisation de l’illustrateur est un dessin en pleine page, comme tous ceux qui vont le suivre, représentant l’expédition punitive des villageois massacrant les Espagnols sur l’étang, au milieu des étoiles : « … vif u allora, sullo stagno ghiacciato, un gran massacro … » (p.10). Un peu plus loin, l’attention du peintre se porte sur le paysan venu décrocher sa femme pendue aux branches d’un énorme noyer au milieu des flammes de l’incendie qui ravage sa ferme : « Fece cenno piangendo che venissero ad aiutarlo » (p.14). S’ensuit une illustration, page 18, représentant l’épisode de la tentative de négociation lorsque le curé s’essaie à persuader le chef des Espagnols en flamand puis en latin (… Il prete parlo in flammingo e in latino …). Enfin, le dernier dessin, page 20, fixe le regard du lecteur sur un soldat tenant un enfant par la jambe et prêt à le décapiter devant le chef à barbe blanche appuyé contre un arbre aussi sombre que son vêtement.

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

Le conte est précédé d’un premier dessin de Francesco Dal Pozzo en tête de la page 7. Il reproduit de manière assez sommaire et grossière le paysage du tableau de Bruegel vidé de ses protagonistes. La miniature d’inspiration bruegélienne fixe métaphoriquement le cadre principal de la scène au seuil du texte, avant que l'agitation ne vienne troubler le repos dominical des villageois. 

 
 
 
Pierre Bruegel le jeune, "Le Massacre des Innocents", Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles

Pierre Bruegel le jeune, "Le Massacre des Innocents", Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles

La deuxième illustration est un dessin en pleine page, comme tous ceux qui vont le suivre, représentant l’expédition punitive des villageois venus récupérer le bétail dérobé par les Espagnols, au milieu des étoiles, sur l’étang gelé : « … vif u allora, sullo stagno ghiacciato, un gran massacro … » (p.10). 

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

L’attention de l'illustrateur se porte ensuite sur le paysan décrochant sa femme pendue par les Espagnols aux branches d’un énorme noyer au milieu des flammes de l’incendie qui ravagent sa ferme : « Fece cenno piangendo che venissero ad aiutarlo » (p.14). 

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

S’ensuit une illustration représentant la vaine tentative de négociation du curé du village avec le chef des Espagnols, en flamand puis en latin : « Il prete parlo in flammingo e in latino » (p. 18).

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

Enfin, le dernier dessin fixe le regard du lecteur sur un soldat espagnol tenant un enfant par la jambe et s'apprêtant à le décapiter sous le regard impassible du chef à barbe blanche appuyé contre un arbre : « lo decapitò con la spada. » (p. 20).

Maurizio Maeterlinck, "Il massacro degli innocenti", Milano, Modernissima, coll. Essenze n°2, 1923

Merci d'avoir lu jusqu'ici et à bientôt pour un nouvel article! 

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